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Visite de l'usine Louis Vuitton en 1904
Interview d'un visiteur de l'usine Louis Vuitton d'Asnières
❝ La grande préoccupation, quand on part en voyage, est de faire sa malle. Vous m’objecterez peut-être que cela regarde la femme de chambre, mais je vous répondrai qu’il faut au moins la surveiller dans ce travail délicat et minutieux, et que je connais de très grandes dames qui ne dédaignent pas, pour être sures que tout ira bien, de mettre la main à la pâte, c’est-à-dire à la malle. Mais ce n’est pas tout que de savoir faire une malle, j’ai voulu apprendre aussi comment on les confectionne. J’avais promis à Vuitton, l’inventeur de ces malles si pratiques d’aujourd’hui d’aller visiter son usine. J’ai tenu parole hier, l’occasion m’en ayant été offerte par les Américaines. Il n’y a que les étrangères pour tenir a bien connaitre Paris dans tous ses détails. Nous nous sommes donc rendues a Asnieres, 18 rue du Congrès, ou depuis 1857, est installée l’usine Vuitton, auparavant rue du Rocher, à Paris. ❞
❝ La première chose qui a frappé notre attention, à notre entrée, ce sont les énormes quantités de bois arrivant des chantiers et disposés en montage régulières dans les magasins. Ces bois, au fur et à mesure de leur réception, sont coupés a la longueur voulue et classées suivant les articles auxquels ils sont destinés.
Après le découpage, les bois sont portés dans l’atelier des futiers, ou se font l’assemblage et le montage des malles en fut. C’est le rudiment, l’embryon qui sort de la pour aller subir toutes les préparations, qui en feront l’ustensile complet et parfait que nous admirerons plus tard. ❞
❝ Il ira d’abord dans l’atelier des Apprets, ou les fut sont recouverts de toile, après avoir reçu les différentes bandes de renfort qui assurerons la solidité des parties les plus exposées au chocs ou a la pressions pendant les voyages.
Puis il passera dans l’atelier de peinture et de vernissage ou se complétera la première toilette. Le vernissage terminé, on arrive chez les cuirreurs… Ce néologisme technique désigné les ouvriers qui posent les bandeaux de cuir et les emboitures ; la malle, maintenant, a toute son apparence extérieur. ❞
❝ Cependant elle n’a pas terminé ses pérégrinations, car les férreurs l’attendent pour garnir les coins et poser toute la serrurerie, et on la donnera aux colleurs-finisseur qui s’occuperont de l’intérieur, des garnitures, de l’aménagement en un mot. ❞
❝ Qui croirait qu’une simple malle a besoin de passer par tant de main? Et cependant les ateliers que nous venons de visiter, en la suivant dans ses accroissement successifs, sont loin d’être les seuls de l’usine. Il y a aussi l’atelier des selliers ou l’on confectionne les sacs, enveloppes, courroies, etc.
Il y a les divers magasin de réserve, ou les malles sont classées comme des volumes, par rang de taille ; il y a la salle de depart, pour les expéditions ; la cours vitrée ou se trouvent les bureaux, les écuries pour six chevaux, les remises qui contiennent trois voitures de courses et enfin l’élégant pavillon, habitation de M. Vuitton et de sa charme famille, foyer central d’ou il dirige tout, car rien ne se fait en dehors de lui. ❞
❝ Voila l’usine. Les magasins de vente de Paris, vous les connaissez, car il est difficile de passer rue Scribe sans les remarquer, et je vous crois trop intelligente, pour avoir été en voyage, sans vous être pourvue au moins d’une malle Vuitton. Mais ce que vous connaissez moins sans doute, ce sont les magasins de Londre, 149, New-Bond Street, ou s’approvisionne toute l’aristocratie anglaise, et ceux de New York, de Philadelphie et de Boston qui fournissent la pratique et précautionneuse Amérique.
Cette description est peut-être un peu aride. Mais puisque des Américaine viennent d’outre-mer pour visiter l’usine Vuitton, il eut été regrettable pour une Parisienne de ne pas connaitre comme elles cette grande fabrique française qui a son rayonnement si loin et qui est une des gloires de notre pays. ❞
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k286607g/f3.image.r=clichés%20boyer%20vuitton?rk=429186;4